vendredi 6 mars 2009

L'AVENTURE EXTRAORDINAIRE DE TONI ET MATTHIAS

Marcaire gardant son troupeau, Hans MATTER

La construction du lac ayant débutée en 1886 pour s'achever en 1889, il s'agit donc dans ce récit de l'ancienne tourbière ayant cédé sa place au chantier... nous savons tous que les tourbières recèlent d'innombrables trésors dans leurs profondeurs et qu'elles sont les témoins de siècles d'histoire....

Mais laissons la parole à Matthias :

"Le soir dont je vous parle, Toni et moi-même voulions savoir s'il est effectivement vrai que les esprits de l'Altenweiher se manifestent bien cette nuit. Je ne dirai à personne de quelle nuit il s'agit, ne souhaitant à personne de vivre ce que nous avons vécu...

La nuit des fantômes de l'Altenweiher... mon arrière grand'père déjà parlait du chariot d'or et des ondines qui peuplent le lac souterrain...

Nous sommes donc arrivés au Neff'wasen, à l'emplacement de l'actuel Altenweiher. Nous n'étions guère rassurés, la nuit était étrange et lugubre. D'un coup, des bruissements sauvages résonnèrent dans les airs, des essaims entiers de mouches, de taons, de fourmis volantes et d'autres insectes diaboliques bourdonnaient au-dessus de nos têtes... Des bandes d'oiseaux volaient et chantaient au-dessus de nous. L'air était lourd et humide.

Soudain, à nos pieds, le sol scintille, la pleine lune se mire dans le lac. Ses eaux gonflent, sur ses bords se mettent à pousser des fleurs merveilleuses, les chevrettes sortent de la forêt sombre pour boire au lac. Un troupeau de vache dont les cloches sonnent d'une manière étrange descend du "Tagweidle" ; elles broutent l'herbe verte du bord du lac, accompagnées d'un très vieux marcaire portant une longue barbe blanche...

Je demande à Toni si nous sommes bien au Neff'wasen lorsque tout s'éclaire soudain un peu plus haut ; un bruit effroyable retentit comme si d'énormes masses de rochers se jetaient dans les profondeurs... et voici qu'apparaissent des chevaux : deux, quatre, six, huit chevaux tirant un chariot en or...

Mon grand'père me racontait souvent qu'autrefois existaient de très grands hiboux (certainement les Grands Ducs) au sommet des montagnes, hululant d'une manière si lugubre que ceux qui les entendaient étaient glacés d'effroi... l'un de ces hiboux se tenait au sommet du chariot, les ailes largement écartées. Une ondine apparaît, elle porte des vêtements clairs et lumineux... sur son ordre, les chevaux se jettent dans l'eau, tirant le chariot vers le milieu de lac. A ce moment-là, l'ondine, rapide comme l'éclair, saute sur le chariot, rejetant en arrière ses boucles dorées. L'eau se teinte d'une couleur or. Le chariot avance jusqu'à atteindre l'autre rive, entouré d'innombrables grenouilles, puis disparaît, entraînant dans sa suite les apparitions dont je vous parlais tout à l'heure. Nous ne demandons pas notre reste et dévalons à toutes jambes vers le village..."

Aventure vécue par Matthias et Toni en 1875, parue dans le Nouveau Rhin Français le 3 juin 1966, rapportée par le petit-fils de Matthias ; on la retrouve dans l'Annuaire 2007 de la Société d'Histoire de la Vallée de Munster.

3 commentaires:

Publiée par marie-pierre a dit…

bonjour Traine buisson

Et l'aventure continue...
A bientôt.
m-pierre

le jardin Boultois.

Anonyme a dit…

La galère des mousses (galerina hypnorum) est un petit champignon des tourbières qui pullule dès le mois de mai et produit des sporées susceptibles d'entraîner des troubles neurologiques induisant des effets hallucinogènes.C'est peut-être une explication.

Anonyme a dit…

Merci, cher Traîne Buissson d'enrichir notre culture ! Voilà un week-end qui commence bien ! A bientôt